« C’est drôle que ce soit surtout le corps des femmes qui subisse des attaques et des punitions alors que ce sont elles qui doivent changer le plus…On vit dans un monde vraiment tordu. »

Depuis quelques mois, je m’intéresse de plus en plus au mouvement bodypositive. J’aime découvrir des comptes Instagram ou encore des documentaires comme Embrace (« Accepte ton corps » en version française) de Taryn Brumfitt qui lui accordent une place importante mais qui, surtout, donne une image décomplexée du rapport au corps ! 

Alors, lorsque Big Bones de Laura Dockrill, ce « pied de nez à la grossophobie » est sorti en librairie, cela m’avait vraiment intrigué ! Je m’étais alors dit qu’un jour je le lirai, par curiosité ! Et voilà que Babelio le propose lors d’une Masse Critique, et voilà que je participe puis le reçoit en deux trois mouvements… 

 

Résumé : 

Salut, moi, c’est Bluebelle, alias BB, alias Big Bones, rapport à mes « gros os ». J’ai seize ans, je suis une gourmande, et je ne m’en cache pas. En même temps, ce serait un peu diffi cile à dissimuler, vu mes rondeurs…
Seul souci, après une crise d’asthme, maman m’a emmenée chez un médecin qui m’a OBLIGÉE à tenir un journal de ce que je mange.
Sauf que moi, je m’aime comme je suis, et je n’ai aucune envie de guérir puisque je ne suis pas malade !
Bourré d’humour et d’amour, Big Bones est un délicieux pied-de-nez à la grossophobie.
À consommer sans modération !

Pour le coup, il s’agit d’un livre décomplexant ! BB est une fille libre comme l’air, libre avec sa personnalité, libre avec son corps, libre avec ses paroles… Ce qui fait que l’on s’attache forcément à elle ! Dotée d’humour, c’est avec gourmandise que l’on découvre les pages de son journal axé sur la nourriture. Et c’est justement l’omniprésence de ce dernier point qui m’a dérangée, à la longue. (Oui, tout cela donne faim, même très faim, mais ce n’est pas ça le problème). Certes, BB le dit : elle est gourmande et ne s’en cache pas. Mais, cette omniprésence de descriptions d’aliments, de recettes et d’autres choses culinaires à chaque page m’éloignait parfois de ce que je recherchais en lisant ce livre : du body positive, des réflexions plus poussées sur le corps, des punchlines qui détruisent les préjugés et les complexes… J’avais l’impression que tout cela caché le fond du roman, le pourquoi j’avais envie de le lire… Un amas de descriptions au détriment de réflexions… 

Pour tout vous dire, mon petit copain idéal serait un vrai croissant au beurre, chaud et bien confectionné : j’imagine presque les plis et les replis du feuilletage de mon croissant s’ouvrir et se refermer autour de moi, me dévorant dans une super étreinte bien charnue.

Ne vous inquiétez pas, ces petits messages sont tout de même présents (et heureusement) ! Ils ne le sont juste pas assez à mon goût, et j’ai eu le sentiment qu’ils n’étaient que trop peu questionnés (ou ne l’étaient qu’en surface). Cependant, et il est important que je le mette en avant, l’autrice accorde une place à tous les corps et en questionne et dénonce ainsi le rapport. 

Le mythe selon lequel minceur = bonheur est une horrible formule créée par les médias et les marques pour faire croire aux femmes qu’elles mèneront une vie parfaite, insouciante et réussie si elles sont minces. Que le fait de l’être signifie automatiquement merveilleusement belle, intelligente, libérée, populaire, branchée, gentille, disciplinée, motivée, performante, spirituelle, spontanée, audacieuse, forte, courageuse et ambitieuse, tout en étant profondément amoureuse de la personne de vos rêves et probablement riche aussi vu que vous êtes votre propre patronne et que vous avez le boulot idéal.

C’est drôle qu’on trouve grossier de traiter les autres de gros, mais pas de maigre. Les personnes maigres peuvent elles aussi être complexées.

De mon point de vue, le point le plus important et le mieux travaillé au fil de ce livre est la place accordée aux relations humaines (familiales, amicales et amoureuses). On découvre ainsi, par le biais de BB, les réactions que peut avoir un parent, un(e) ami(e) ou encore un(e) inconnu(e) face au corps de l’autre. Des réactions qui varient. Des réactions qui peuvent surprendre. Des réactions qui peuvent blesser. Des réactions qu’un tel ou une telle se permet ! 

J’ai appris que les gens, en secret, aiment bien ça quand certaines personnes ne s’aiment pas, parce que ça leur donne du pouvoir. C’est une preuve de faiblesse. Et je n’ai pas l’intention d’être ce genre de personne. JAMAIS. Sinon, en me comportant ainsi, la seule que je n’aimerais pas, ce serait moi.

Et, dans cet optique, j’ai apprécié le focus mis sur la relation mère/ fille. BB est en pleine adolescence et l’on voit bien ce rapport de force, cette volonté de contradiction mais surtout ce lien d’amour qui peut, certes, faire des remous… 

-Tu me trouves trop grosse, c’est ça ?

Dove relève la tête et observe ma mère, yeux écarquillés.

-Oh, qu’est-ce que tu racontes, maintenant ?

-Non, maman. (J’avance le mention; ma voix est rauque.) Si tu me trouves grosse, dis-le moi. Tu cherches à faire croire que si je ne vais pas à la gym tu auras l’air d’une mauvaise mère, mais c’est pas ça qui t’embête. Désolée de ne pas être une maigrelette comme Dove et toi, désolée de ne pas pouvoir manger un hamburger et des fripes sans avoir l’impression que la graisse se cramponne littéralement à moi, désolée que les gens se moquent de moi et me montrent du doigt en faisant des remarques ; désolée de me sentir gênée chaque fois que je dis que tu es ma mère, et que les gens se tournent de nouveau vers moi avec incrédulité et font des plaisanteries cruelles à mon sujet parce que je suis si COSTAUDE. Désolée que tu aies du m’expulser, MOI, de ton ventre.

Cousue à ces relations, BB nous livre son propre rapport au corps. Car, même si elle en dégage une vision libre et décomplexée, cela n’empêche que celle-ci évolue (tout comme le regard et les réflexions des autres, qui n’y sont malheureusement pas étrangers…). Ainsi, Big Bones en deviendrait presque un roman d’apprentissage sur l’adolescence, les relations, les choix… sur l’entrée dans la vie d’adulte  ! 

J’ai appris que les gens, en secret, aiment bien ça quand certaines personnes ne s’aiment pas, parce que ça leur donne du pouvoir. C’est une preuve de faiblesse. Et je n’ai pas l’intention d’être ce genre de personne. JAMAIS. Sinon, en me comportant ainsi, la seule que je n’aimerais pas, ce serait moi.

Mais pour le moment, j’ai vraiment du mal à m’aimer. Et ça ne me ressemble pas. Et ça me fait de la peine.

Je suis fière d’être une fille. Parce que c’est un fait avéré. Mais plus fière encore de m’aimer. Parce que c’est un choix.

 

Malgré cette sensation de « pas assez », Big Bones reste une lecture agréable, remplie d’humour et de lâché prise. Un joli message d’acceptation de soi et des autres !

Nous sommes tous humains. Les hommes et les femmes. On ne peut pas savoir de qui on tombera amoureux; on tombe amoureux d’une personne. Pas d’un sexe.

 

Bonne Lecture 🙂 

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